Thorbjorn Risager
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Thorbjorn comment pourrais-tu te présenter, en quelques mots, à ton public français ?
Hello, je suis Thorbjorn Risager et je viens de Copenhague au Danemark.

Quand et comment as-tu découvert la soul music et le blues ?
J’ai eu la chance d’être, très tôt, sensibilisé à ces genres musicaux. En effet, l’une des maisons de mon proche voisinage appartenait à une famille qui était très amatrice de blues. Ces gens écoutaient beaucoup de blues, de soul et je pouvais ainsi en profiter. J’étais très jeune mais j’ai immédiatement aimé ces sonorités qui ont bouleversé ma vie.
Mes parents aussi aimaient et pratiquaient la musique, mais leur passion était toute dirigée vers le monde de la musique classique. Il est amusant de constater que j’ai immédiatement plus adhéré à la musique que j’entendais chez les voisins que celle dont je pouvais profiter chez moi.
C’est comme si elle avait pris possession de mon sang ou quelque chose comme cela…

Je suppose, ne serait-ce que sous l’influence de tes parents, que tu as été très tôt dirigé vers la pratique d’un instrument ?
En effet, j’ai commencé à jouer de la musique à l’âge de 7 ans. Il s’agissait de la mandoline…
Après quelques années je suis passé à la guitare, je devais avoir aux alentours de 10 ans. Puis, encore quelques années après, je suis passé au saxophone. Cet instrument est resté celui que je préférais et que je jouais le plus entre mes 14 et 17 ans.
On peut dire que j’ai commencé à chanter par accident. Je jouais de la guitare rythmique dans un groupe que le chanteur a quitté quelques temps plus tard. On m’a poussé à le remplacer car les autres membres du combo estimaient que je possédais la meilleure voix pour le faire. J’ai tenté l’expérience et je n’ai plus arrêté de chanter depuis.

Durant ton adolescence, naviguais-tu comme musicien au sein de  plusieurs groupes ?
Oui, absolument. J’étais alors au Lycée, c’est aussi à cette période que j’ai commencé à chanter.

Tu est le porte-drapeau du blues et de la soul music au Danemark aujourd’hui. Ces musiques y étaient-elles très populaires lorsque tu étais adolescent ?
Non, pas vraiment et elles ne le sont toujours pas. Le blues et la soul music ne sont pas très populaires au Danemark. Elles sont beaucoup plus prédominantes dans de nombreux autres pays européens.
Le Danemark est un pays qui est davantage marqué par le jazz…

Tes débuts professionnels ont-ils été rapides ?
C’est quelque chose de difficile à définir. Mes premiers concerts payés remontent au temps où j’étais encore lycéen. Je devais avoir environ 17 ans et je me produisais avec mon premier groupe. Je n’ai pas arrêté de jouer et de me produire en concert mais cela ne fait que depuis les 4 dernières années que j’arrive à vivre uniquement de la musique.

Quelles sont tes principales influences ?
Ma principale influence est BB King. Beaucoup de gens, quand ils parlent de cet artiste, évoquent le guitariste. Pour ma part je suis très touché par le chanteur qu’est BB King. A mon sens, il est définitivement le plus grand interprète de blues de tous les temps. Bien sûr, il a aussi joué un rôle primordial dans mon jeu de guitare. J’aime aussi beaucoup Ray Charles qui lui est le plus grand chanteur de tous les temps, tous genres confondus (rires) !

Quand je t’entends avec ton groupe, en fermant les yeux, je pourrais m’imaginer écouter Bruce Springsteen accompagné par Booker T & The MG’s…
Je n’ai jamais entendu cela…
De plus je n’écoute pas beaucoup Bruce Springsteen, je connais très mal son oeuvre. Je pense que cette similitude doit provenir de nos voix qui, toutes deux, sont assez puissantes, profondes et rocailleuses.  En tout cas la comparaison est très flatteuse…

Il n’est pas aisé, pour un musicien, de s’exporter quand il n’est pas anglo-saxon. Je suppose qu’en tant que danois tu dois être confronté aux mêmes difficultés…
J’ai, heureusement, la chance d’avoir un bon manager en la personne d’Annika Westman. Elle s’évertue à contacter beaucoup de personnes à travers l’Europe. Elle m’a ainsi permis de me produire dans de nombreux pays européens, essentiellement en Scandinavie et dans les pays du nord du continent (Suède, Norvège, Finlande etc…). Grâce à elle nous jouons beaucoup…
D’autant plus que nous allons, maintenant, essayer de nous concentrer sur des pays qui se trouvent plus au sud.  Ainsi, cette année, nous avons augmenté la fréquence de nos concerts en Allemagne et en avons profité pour commencer à « explorer » d’autres pays tels que la France, l’Italie etc…
Quand tu as un bon manager, tu peux dire que c’est facile. Sinon c’est une autre paire de manches (rires) !

Maintenant que tu es en France pour jouer ta musique, ressens-tu quelque chose de particulier ?
C’est vraiment formidable…
J’ai donné ici, dans le cadre du Festival Cognac Blues Passions, mon deuxième concert en France.
Le public est vraiment d’une très grande qualité et il y a une chose qui fait vraiment la différence… Dans ce pays les musiciens sont vraiment très bien traités, nous bénéficions d’un accueil chaleureux et d’une très bonne nourriture. C’est loin d’être le cas dans d’autres grands Festivals européens…
Mon dernier album « Track Record » étant maintenant distribué en France par le label Dixiefrog, il est fort probable que nous revenions régulièrement.

As-tu déjà eu l’occasion de découvrir des artistes de blues français, dont certains des meilleurs sont signés sur ce label ?
Non, pas encore - mais j’espère approfondir mes connaissances en la matière dans les mois à venir…

Dans quelles circonstances une partie de la distribution internationale de ton nouveau CD a-t-elle été prise en charge par Dixiefrog ?
C’est, en partie, grâce à Peter Kehl qui est le trompettiste de mon groupe. Avec Annika, il a choisi et démarché des labels mais je ne sais pas exactement comment cela s’est déroulé.

Justement, peux-tu me présenter ce nouvel album « Track Record » ?
Je pense qu’il s’agit, à ce jour, de notre meilleur CD. Il a été enregistré avec un excellent producteur, Lars Skjaerbaek, dans un très bon studio. Le son dont j’ai bénéficié sur ce disque est le meilleur que je n’ai jamais eu.
Mon style a aussi évolué. S’il reste très ancré dans les racines de ma musique, il est aussi plus rock. Oui, le son est résolument plus rock !

Tu es chanteur et guitariste mais peut-on également te considérer comme un songwriter (Thorbjorn est l’auteur-compositeur de 7 des 10 titres de son nouvel album, Nda) ?
Pas vraiment même si, bien sûr, j’écris la plupart des chansons de notre répertoire.
Je me considère, avant tout, comme un chanteur. J’ai commencé à écrire mes propres morceaux relativement tard. Il y a, environ, 6 ou 7 ans…
Avant j’étais uniquement interprète mais je dois avouer que, de fil en aiguille, je me prends de plus en plus au jeu de l’écriture. Au début c’était quelque chose qui me semblait très compliqué et qui me faisait souffrir, contrairement au chant qui me procure toujours un réel plaisir. L’écriture est, pour moi, un vrai travail mais je trouve cela de plus en plus intéressant.

Quelles sont les choses que tu aimes évoquer dans tes chansons ?
Je crois que le thème récurrent reste l’amour (rires) !
Il n’est pas nécessaire de toujours vouloir porter un message spécifique. Je suis très heureux de chanter et de faire de la musique, je ne cherche pas à déclamer des revendications spécifiques par le biais de mes textes. J’estime que mes chansons se veulent positives, elles ne cherchent pas à  « titiller » la sensibilité des auditeurs et à leur faire passer un message. Je ne crois pas que le business de la musique fluctue en fonction de mon envie ou non d’écrire des textes.

Comment définis-tu précisément ta musique ?
La racine centrale reste le blues mais nous nous plaisons à y adjoindre des sonorités soul, jazz et rock. Certaines personnes me disent que l’éventail est trop large mais il s’agit d’un choix délibéré.
Je trouve qu’il est plus intéressant d’explorer plusieurs styles que de toujours rester ancré aux mêmes sons. Ma musique est donc un mélange de différents genres solidement rivés au blues.

Tu as évoqué BB King et Ray Charles mais parmi les générations plus jeunes, quels sont les artistes que tu admires ?
Pour tout t’avouer je ne prends plus beaucoup le temps d’écouter de la musique car j’en joue et j’en écris à longueur de journées.  J’essaye de me tenir informé au maximum…
Parmi les artistes plus jeunes, j’apprécie beaucoup Keb’ Mo’ mais je ne sais pas si on peut considérer qu’il fasse partie de la nouvelle génération (en effet il est tout de même né en 1951, Nda).
J’aime d’autres artistes plus jeunes mais leurs noms ne me reviennent pas…

Dans ton pays, au Danemark, y’a-t-il beaucoup de groupes de blues ?
Non, il doit y avoir environ 5 groupes de bonne qualité.
Ce pays n’est vraiment pas ouvert à cette musique qui y est très marginale. Dans ce petit territoire, c’est  vraiment le jazz qui règne en maître…

Quels sont tes souhaits pour l’avenir ?
Mon souhait, ainsi que celui du groupe, est de faire en sorte de devenir l’un des plus grands noms de la scène européenne. Ceci nous permettrait de nous produire dans tous les plus importants Festivals de jazz et de blues à travers l’Europe. Nous souhaitons vraiment entrer dans le Top 10 des meilleurs groupes européens.

Tu dois aussi rêver de te produire aux USA. As-tu des contacts sur place ?
J’aimerais beaucoup m’y produire en effet. Ceci dit, je n’y ai pas encore beaucoup de contacts. La priorité est, dans un premier temps, de continuer mon ascension en Europe. Une fois que mon nom sera devenu plus important ici, je pourrai peut être m’y consacrer. J’ai travaillé très dur pour m’imposer dans les pays nordiques, puis en Allemagne et aujourd’hui dans des pays situés plus au sud. Chaque chose doit se faire en son temps et ma priorité est, d’abord, de continuer à élargir ma notoriété en Europe. Après cela, je pense que mon groupe et moi-même pourrons penser à nous produire aux USA.

As-tu une conclusion à ajouter ?
J’aimerais justement rendre hommage à mes musiciens. Nous nous produisons sous mon propre nom mais nous fonctionnons comme un vrai groupe. D’ailleurs nous sommes ensemble depuis très longtemps, 7 ou 8 ans. Chacun d’entre nous contribue, de façon égale, au succès que nous remportons actuellement. C’est une chose dont je suis fier, il n’y a aucune individualité, nous somme un groupe soudé.

Ces musiciens qui t’accompagnent (Emil Balsgaard aux claviers, Svein Erik Martinsen à la guitare, Kasper Wagner au saxophone, Peter Kehl à la trompette, Soren Bojador la basse et Martin Seidelin à la batterie) sont-ils tous issus de la scène blues & soul ou viennent-ils d’horizons musicaux différents ?
Le saxophoniste et le trompettiste sont des musiciens de jazz alors que le restant du groupe est constitué de purs passionnés de blues.

Remerciements : Annika Westman

www.risager.info
www.myspace.com/thorbjornrisager

 

 

 

 

 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

Les liens :

risager.info
myspace.com/thorbjornrisager

Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 29 juillet 2010

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL